"Jacky
beaslay ne travaille pas. il s'amuse. Jacky Beaslay
ne créé pas. Il sculpte ou bien il peint
et puis va boire un café. jacky Beaslay n'a pas
de "démarche", il a tout un petit monde
qui sort de lui au fur et à mesure du temps qui
passe, des drôles qui poussent leur gros nez hors
des caisses à thé noircies, des passants
à chapeau qui font signe depuis l'intérieur
de la toile.
Ses sculptures le font rire, ses masques forment son
Afrique mentale, ses toiles ne ressemblent à
rien. Il y a bien des personnes qui se promènent
dans le cadre, qui fixent le spectateur avec un rien
de curiosité narquoise. "C'est Jacky qui
nous a mis là", peut-on lire dans leur regard
où perce une nuance d'inquiétude. C'est
lui aussi qui a posé cette main à la lisière
du tableau, jusqu'à la faire pointer, indéfiniment,
vers la mer qui monte.
beau fatras que voilà! des jaunes d'orpailleur
extasié, des rouges de Christ à Bruxelles!
Ensor est tout près, et ces autres contemporains
capitaux, Dubuffet, Chaissac, le bon facteur Cheval
et le malicieux douanier Rousseau, anges tutélaires
certes mais aux manières de brutes, pétrisseurs
d'art en chef, parce que l'art, n'est-ce pas, ce n'est
pas que joliesse et friselis, un concept assorti au
canapé du salon.
Jacky Beaslay pointe et ponce dans son garage qui tient
de la grotte et des forges de Vulcain. Il martèle
de la masse et de l'âme des volumes singuliers.
Après quoi, pour se reposer, il dépose
à la pointe du pinceau tout le chaos qui habite
dans sa tête. Et c'est ainsi que le beau surgit,
de cette conversation tendue d'un sujet précaire
avec la matière inerte. Beau comme un bras de
fer!
HL.
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